Dans les pièces suivantes que j’interprète aux piano, j’ai cherché à suggérer la structure musicale en faisant voyager le regard dans les tableaux choisis.
Samuel Majkapar et John Waterhouse
Nymphen, les nymphes, est une pièce toute en transparences, fluide sous les doigts, comme l’eau des rivières. Les tonalités miroitent autour de la tonalité de Mi Majeur, sur des cycles de dominantes. Le climat harmonique évoque Liszt et même Wagner dans le développement. Samuel Majkapar (1867-1938) est un compositeur, pianiste et professeur de musique russe, qui a vécu en Allemagne avant d’enseigner au conservatoire de St Pétersbourg entre 1910 et 1930. Le tableau est de John #Waterhouse (1849 – 1917) peintre britannique, connu pour ses tableaux inspirés de la mythologie. J’ai cherché à rendre visible la structure musicale.
Isaac Albeniz et Hermen Anglada Camarasa
Cette merveilleuse pièce ouvre le cycle de la Suite espagnole. D’emblée, nous sommes plongés dans la quiétude d’un soir d’été. Le thème chante à la main gauche, accompagné d’accords arpégés à la main droite. Un deuxième thème lyrique aux mélismes arabisants, qui dépeint peut-être un état d’âme intérieur, nous entraîne plus loin dans la rêverie. J’ai choisi le tableau, avec ces teintes jaunes et son ambiance nocturne, du peintre postimpressionniste espagnol Hermen Anglada Camarasa (1871-1959): » le blanc paon » (1904)
Lajos Papp et Jozsef Rippl-Ronai
Extrait du recueil « Images »(pièces pédagogiques pour le piano) du compositeur hongrois Lajos Papp, j’ai choisi pour illustrer cette Valse, le tableau de Jozsef Rippl-Ronai (1861-1927): La femme avec l’oiseau en cage. Les teintes froides de bleus-verts me semblent en harmonie avec la tonalité de la min (modale ici, avec son 6 eme degré ascendant:la, si do ré, mi, fa# ). A la finesse du dessin correspond la douceur de la mélodie, tandis qu’à la fin, dans les aigüs du piano, on croirait peut-être entendre le chant de l’oiseau en un dialogue imaginaire avec la femme.
Heinrich Hofmann et Gotthardt Kuehl
Avec cette courte pièce extraite du recueil « Skizzen » – Esquisses – du compositeur Heinrich Hofmann (1842-1902), nous entrons dans l’univers de l’imagerie allemande, celui de nature, de la forêt et de l’enfance. Ici fragilité, innocence et pureté.
Sur un tableau de Gotthardt Kuehl ( 1850-1915), La jeune fille à l’orgue
Jean Philippe Rameau et Céline Markoz
Derrière ce titre aux accents printaniers se cache une mystérieuse nostalgie, comme souvent chez Rameau: L’appel initial, simple, enjolivé d’ornements descriptifs, des chants d’oiseaux, va se transformer en un discours intense et même dramatique.
Tableau de l’artiste contemporaine Céline Markoz.
George Gerswhin et Stephanie Clarkson
De cette transcription au piano par Gerswhin lui-même, d’un titre extrait de la comédie musicale « Of Thee I sing » (Broadway – 1931), résulte une page tout à fait étonnante: dans une première partie nimbée de tristesse, le thème se devine, en harmonies très distendues, accompagné d’une main gauche tout aussi expressive que sinueuse. Puis on assiste à une progression sur des grands accords majeurs, qui culmine vers un do Majeur lumineux. Sur une oeuvre de l’artiste contemporaine britannique Stephanie Clarkson: « le pianiste de Jazz »
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